
Il y a quelques mois je publiais sur ce blog un poème intitulé "Un si doux regard", extrait de mon recueil "D'Ombre et de Lumières" hommage au petit sanctuaire marial qui coiffe une colline vêtue d'un manteau forestier à l'ouest de Dijon.
Il y a bientôt deux cents ans, Aloysius Bertrand (de son vrai nom Louis Bertrand), qui vécut sa jeunesse à Dijon et lui conserva toujours une place de choix dans son cœur, écrivait ce beau poème romantique qui chante les mêmes lieux.
C'est longtemps après avoir tracé ces mots que je découvris ce petit bijou d'art poétique. Sans prétendre au talent de mon illustre prédécesseur, j'y ai trouvé bien des analogies et c'est avec plaisir que je vous le propose aujourd'hui.
3 septembre 1827
Pèlerins, mes amis, et vous, ô demoiselles,
Qui suivez à pas lents le pénible chemin,
Prions le Paraclet de nous prêter ses ailes,
Ou l'ange conducteur de nous donner la main.
Le vieux rocher moussu dont la cime est flétrie,
Et le chêne, là-haut, et l'épais noisetier
Dont les feuillages blancs tombent dans la prairie,
Avec tous leurs festons, pendent sur le sentier.
Mais nos pas ont atteint les sommets solitaires ;
Les lierres plus touffus rampent sur le gazon,
Les bois ont plus d'odeurs, de bruits et de mystères,
Et le soleil plus doux se lève à l'horizon.
Respirons un moment au haut de la colline ;
Et contemplons de loin, à travers les rameaux,
Le torrent écumeux, la roche qui s'incline,
Le doux émail des près et les toits des hameaux.
Quand donc la sainte Croix du gothique Ermitage
Nous apparaîtra-t-elle à l'horizon lointain,
Comme aux yeux des élus le céleste héritage,
Ou comme le soleil, roi brillant du matin ?
La voilà ! la voilà ! Voyez-vous la chapelle ?
Et n'entendez-vous point une voix dans les airs ?
Des anges l'on dirait la voix qui nous appelle,
Ou la cloche qui tinte au fond de ces déserts.
Connu notamment pour son très original Gaspard de la nuit, Louis Jacques Napoléon Bertrand, poète peu publié de son vivant et un peu oublié aujourd'hui mais qui fit partie un temps du cercle des plus grands (Hugo, Sainte-Beuve, Emile Deschamps, ou encore Nodier) suscitait admiration ou intérêt chez Baudelaire, Mallarmé, Villiers de L'Isle-Adam ou encore Max Jacob et Breton. Le caractère posthume de la renommée de cette figure détonante parmi les romantiques français ne nuit en rien à son talent.
Pour aller plus loin, je vous invite à visiter :


N’hésitez pas à me laisser un commentaire, une suggestion ou un avis.