L’Envol des Mots

Philippe Béhin-Stroud, écrivain public.

L’adolescente

Au seuil riche de choix de ta vie qui commence,
Et de la nuit qui s'ouvre à l'inconnu immense
Au creux de ton lit bleu, refuge chaud et moite
Tu rêves de l'amant qu'en secret tu convoites.

Cet homme fantasmé et si fort et si beau
Qui à ton professeur ressemble à s'y méprendre
Te fais craindre un dédain, car il est un héros
Duquel toute vraie femme attendrait un mot tendre.

Mais tout autour de toi, ton enfance exposée
Embaume le parfum d'un désuet musée
Où tes pâles poupées sagement alignées
S'agacent coitement d'être ainsi délaissées.

De ton visage tendre, le front se fait brûlant
Et s'empourprent tes joues sous le désir ardent :
Dans la pénombre rose en ton for puérile
Tu quittes les yeux clos ta jeunesse docile.

Quand la femme future, et qu'en toi tu pressens
Étouffe dans ce corps encore mal défini,
La pulsion timide en ton sexe prégnant
Envahit ton cerveau comme un mauvais génie.

Si désormais tu fuis ton insipide monde
Et l'adolescent maigre au rire chevrotant
C'est pour savoir aimer que la haine t'inonde
Car tu quittes la mer et l'île des enfants.

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