L’Envol des Mots

Philippe Béhin-Stroud, écrivain public.

« Objets inanimés avez-vous donc une âme ? »

Aujourd’hui je vous invite à faire un nouveau petit détour par ma Bourgogne natale, à Milly (aujourd’hui Milly-Lamartine), non loin de la fameuse roche de Solutré pour évoquer la maison d’enfance d’un autre grand homme de lettre romantique.

Vous l’aurez compris il s’agit d’Alphonse Marie Louis de Prat de Lamartine. Le petit village aux chaudes couleurs de pierre honore non seulement le poète, le romancier et le dramaturge, mais aussi le politicien dont le rôle est immense. Il est en effet l’un des artisans de l’abolition de cet esclavage que la Révolution avait rétablit après l’avoir brièvement aboli une première fois. Il signe d’ailleurs le décret d’abolition le 27 avril 1848. Dans les villages, une inscription rappelle cet aspect de Lamartine, souvent négligé.

Si Lamartine naît à Mâcon, c’est bien à Milly qu’il passe son enfance, une enfance heureuse et proche de la nature. Toute sa vie, comme Colette ou George Sand que j’évoquais dans de précédents posts, Lamartine conservera le souvenir émerveillé de son enfance rurale, proche de la nature. Comme elles, la maison de son enfance est pour lui source d’inspiration et de cette nostalgie typique des romantiques. Les pierres pour lui aussi semblent avoir une âme.

La maison, aujourd’hui située dans une rue assez étroite, n’a en elle-même rien de grandiose. Bien que de famille noble, sa famille habite alors une maison de maître (originairement sur un domaine viticole) cachée par un de ces murs de pierre blonde typiquement bourguignonne qui lui donnent un aspect quelque peu monastique. S’en dégage un charme discret, sans ostentation, qui en fait un petit havre de paix dont il n’est pas étonnant qu’un enfant en conserve un doux souvenir.

Pourtant presque au terme de sa vie, en 1860, Lamartine qui vit sans doute au dessus de ses moyens devra se résoudre à vendre pour une somme inférieure à sa valeur la maison peu prestigieuse qu’il n’habite d’ailleurs plus depuis fort longtemps. Il écrit :

"Efface ce jour, Ô Dieu, de ma paupière
Ou rend-le moi semblable à celui d'autrefois
Quand la maison vibrait comme un grand coeur de pierre
De tous ces coeurs joyeux qui battaient sous ses toits."
La vigne et la maison.

Actuellement propriété privée, elle peut être visitée de mai à septembre.

N’hésitez pas à me laisser un commentaire, une suggestion ou un avis.